Eric Leblanc : Qu'on cesse de jeter la pierre aux artistes béninois

Eric Leblanc : « Qu'on cesse de jeter la pierre aux artistes béninois »
Il a commencé sa carrière solo en 2000 et depuis, sa musique s'est ancrée dans le cœur de nombreux béninois. Alors que se profilait à l'horizon le mois de Février, mois de l'amour, Éric Leblanc levait le voile sur "Baby I Love You" son dernier single. Invité par Volun Corp, il répond à cœur ouvert à nos questions

Volun Corp : Eric Leblanc parles nous de toi.

Eric Leblanc : Je suis un jeune artiste béninois de Porto-Novo. J'aime la musique, c'est ma distraction favorite. Ma couleur préférée c'est le blanc d'où mon pseudonyme Éric Leblanc. Du signe astrologique Taureau j'aime l'amour. J'ai horreur de l'hypocrisie, de la médisance et du mensonge. Je suis du genre à être direct dans mes interventions ; ce qui pour certains est un défaut.

Volun Corp: Pourquoi t'es tu lancé dans la musique ?

Eric Leblanc : Tout a commencé en 1995 au collège. Lors des journées culturelles, je présentais mes propres chansons. J'étais honoré de voir que mes textes étaient appréciés, ce qui me motivait d'ailleurs à participer à différents concours inter-collèges. En 1998 j'ai formé mon groupe "Green Spiders" (Les araignées vertes) ; un duo qui s'imposait mais qui a par la suite cessé de "vivre".
En 2000, j'ai entamé une carrière solo avec "Elle Serait Vermeille", mon tout premier single. En quête d'un style plus original et voulant me rapprocher davantage de mes fans de façon à conquérir une couche donnée (celle des adultes), j'ai abandonné le micro un moment. Je me suis donc mis à écouter quelques rythmes de l'Ouemé-Plateau tels que le "Massè Gohoun", le "Kaka" etc et c'est ainsi qu'est née la chanson "Gominango" qui m'a officiellement révélé au public en 2009.
Elle a été un véritable punch dans ma carrière car à ce moment mon rap s'est définitivement localisé en langue "goun". Je ne regrette pas d'avoir quitté le rap français parce que aujourd'hui mon style est particulier. Quand on écoute une chanson de moi, automatiquement on sait qui en est l'auteur car je n'aime pas copié sur quelqu'un et même si le copié-collé devrait être faire, il faut savoir procéder.

Volun Corp : D'après ce que nous en savons tu fais autre métier en dehors de la musique. C’est bien cela ?

Eric Leblanc : En dehors de la musique je m'amuse comme tout homme.. (Sourire) !. En réalité je suis un homme de médias. J'ai été pendant longtemps un animateur radio mais depuis 2006 je suis à Canal 3 TV précisément à la diffusion

Volun Corp : Comment synchronises-tu ton travail en médias et ton travail dans la musique ?

Eric Leblanc : J'avoue que je suis entre le marteau et l'enclume car une telle synchronisation est difficile surtout que le travail me prend 70% de mon temps au détriment de la musique. Parfois il m'arrive de travailler tard la nuit sur la musique. Cependant j'essaie de trouver un juste équilibre car il est temps que je me rapproche plus de mes mélomanes (fans). Et j'espère y arriver grâce à Dieu ! J’y compte bien !

Volun Corp : C'est probablement pour cela que tu as sorti "Baby I Love You". Alors si tu devais le présenter, de quoi s'agit-il ?

Eric Leblanc : Le morceau "Baby I Love You" parle de cet amour qui rapproche deux êtres de sexes opposés (homme et femme). Vous savez les femmes adorent quand on les choie, quand on les aime et puisque c'est grâce à elles que nous avons vu le jour, ça ne coûte rien de déclarer ou de réitérer son amour à l'être aimé (femme).
A propos, quant aux hommes qui battent ou maltraitent leurs conjointes cessez cessez !

Volun Corp : Tu parles rarement d'amour dans tes singles. Qu'est-ce qui a changé cela ? Ta dernière sortie marque-t-elle l'apparition d'un nouveau Éric Leblanc ?

Eric Leblanc : (Sourire) Nouveau Eric Leblanc ? Non ! C’est plutôt la continuité. C'est vrai qu'on me réfère le plus souvent aux titres festifs, mais comme je l’ai déjà prouvé sur mon deuxième album, je chante aussi l'amour. Par exemple les titres "Checo Gankpo" et "Yigbé" sont des morceaux allant dans ce sens. J'ai juste senti le besoin d'insister et de l'exprimer autrement.

Volun Corp : Est-ce que cela signifierait qu'Éric Leblanc, est un cœur à prendre ?

Eric Leblanc : (Rire) Je suis un cœur déjà pris !

Volun Corp : Revenons à ta musique. Avec quel artiste aimerais-tu le plus collaborer si tu en avais l'occasion ?

Eric Le Blanc : Je n'aimerais pas faire de jaloux, ni de jalouses (sourire). En fait, je peux collaborer avec tout artiste qui sent qu'on peut fusionner nos capacités pour aboutir à un tube. L’essentiel pour moi ce n’est pas quel artiste, mais quel résultat on donnera.

Volun Corp : Dans ce cas, dis-nous, quels sont tes collaborations ou projets à venir ?

Eric Leblanc : J'ai beaucoup de projets que je peux décliner en différents points. Et en termes de collaborations, j'envisage des featurings avec des artistes béninois et étrangers. Je ne citerai pas des noms afin de garder la surprise pour mes fans. Ensuite, il faut savoir que je compte organiser des concerts et tournées d’ici là. Et enfin mon plus gros projet est de lancer mon troisième album. Le rêve est grand ! Je vais donc prendre mon temps.

Volun Corp : Finissons à présent avec une question coutumière mais toujours aussi délicate : Que penses-tu de la musique au Bénin ?

Eric Leblanc : Cette question suscite un gros débat en effet. Et je vais peut-être dire, ce que nous savons tous et disons déjà depuis plusieurs d’années : pour moi, le secteur de la musique au Bénin est à réorganiser.
D'abord, même si les gens ne comprennent pas qu’on revienne dessus souvent, il y a le manque d'amour du prochain dans le milieu, et cela le gangrène en termes de qualité des collaborations entre les acteurs du secteur. Ce qui porte un coup aux résultats.
Ensuite, il y a trop de jalousie. Ce qui, dans la plupart des cas, fini par aboutir à l'envoûtement. En réalité, il faut que chacun se remette en cause et parvienne à faire un examen de conscience de façon à apprendre à accepter son prochain tel qu'il est. Sans ces éléments on aura beau investir des milliards, ça ne donnera rien. Parce que les humains même ne sont pas en synergie pour faire des choses fructueuses.
Le problème ne se pose pas au niveau de l'identité musicale comme beaucoup le pensent. L’identité existe et certains l’exploitent déjà. Il suffit d’encourager ceux-là, assez suffisamment, pour que cela décourage ceux qui choisissent de faire autrement.

Tout le monde prétend que le béninois préfère consommer ce qui vient d'ailleurs alors qu'on a de la matière à revendre nous aussi. D'accord. Peut-être. Mais avouons-nous qu’il y a des brebis galeuses partout. C’est pourquoi; ce qu’il faut, c’est que nous pensions à financer et soutenir ceux qui font du bon, avec ce qu’on a. Les autres seront obligés si ça marche, de se remettre au pas.
Au final, pour moi, il faut qu'on cesse de jeter la pierre aux artistes béninois. Parce que le métier d’un artiste ce n’est pas seulement chanter, mais savoir quoi chanter pour rentabiliser. Du coup, chacun tente de faire la musique qui pourrait lui rendre service.
Je pense surtout qu’il faut attaquer cependant l’attitude des pourvoyeurs d’argent. Par exemple, les soit disant boss qui préfèrent soutenir les cuisses de femmes. Comme j’aime le dire en ce qui les concerne : Dieu les voit. Plutôt qu’accompagner le Showbiz, eux ils instaurent le Yowbiz ! Dieu les voit.
Quoiqu'il en soit, tout est dans la structuration. Comment faire en sorte que les institutions travaillent à ce que les artistes puissent vivre décemment de leur métier, quand ils ont fait ce qu’ils doivent pour. Là est le challenge actuel de notre musique !

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