S@m : Et p8 Koi ?


Bien avant même, la flambée des reprises togolaises ou béninoises, il a été l'une des premières initiatives, à se refaire "Et p8 Koi ?" du camerounais Jovi. A cette période encore, l'intérêt porté à ce single dans notre zone géographique, était encore un peu mitigé. Et puis, on constate que S@m n'est pas du genre à insister sur la promotion active de ses projets, comme si, comme on dit : « le bon son parle de lui-même ». Peut-être ! Mais c'est en oubliant parfois, que le bon son mérite qu'on fasse parler de lui. Soit ! Parlons à présent du remix de S@m.

D'après l'écoute répétitive et renouvelée qu’on peut en faire, la version du pater de Fä Musik, paraît l’un des plus aboutis "remix" de toutes ces entreprises de reprises. Autant dans le traitement, le contenu, les évocations, et toutes les allusions astucieuses dont il fait usage. Il nous semble d’ailleurs que, dans le sous-entendu du concept, S@m pousse l’esprit espiègle du « Et p8 koi ? » si loin. Au point qu’on se débarrasse soi-même, instinctivement, de certains malaises complexés que nous nourrissions en nous.

Il y a dans ce remix de S@m, (et c’est le plus beau), comme un compromis entre la préservation du contenu textuel et l’éclatement de la technique rapologique. S@m équilibre les atouts en fait. L’un façonne l’autre. Et l’autre facilite le prolongement de l’un. Et dorénavant, S@m nous prouve que tout raisonnement, prétendant que ne peuvent se concilier deux qualités (le texte et la technique), est d’un erronément "cathédral".

L’artiste en profite pour mettre à nue les préceptes de larbinisme, de flemme, de fainéantise, d’incertitude. Et ce n’est nullement pour se contenter de poser des problèmes ; il propose le dénouement. Ou du mieux, ce qui devrait permettre d’y aboutir : se battre. Il va même jusqu’à la lisière de la susceptibilité. Démonte nos propres contritions. Celles qui nous limitent dans l’exploration de nos potentialités, et de nos réussites. Ça fait qu’on ne peut chanter son refrain, sans avoir la chair de gagnant (de poule aussi ?). On pourrait même sentir en soi, l’adrénaline grimper. Tout ça, grâce à l’articulation du propos, l’implicite de la raillerie. Une déconstruction des stéréotypes. Une tentative de motivation personnelle. Et puis, il touche malicieusement à l’actualité (le débat entre les religions et la foi) sans s’éterniser là-dessus.

Avec son « Et p8 Koi », ce rappeur nous éclabousse du sens caché de ses mots, tout en se servant de la fulgurante évidence de nos quotidiens. Il explore le plus ténébreux en lui et nous guide vers l’intime clarté, à laquelle nous devrons aspirer. Il scrute nos lamentations souvent exagérées. Il répond à nos plaintes souvent excessives et provoquent les frissons qu’ils suggèrent. Mais se démarque avec la « trap » qui va avec, fine, fun, folle.

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  • audio/plan.mp3