On perd le Nord ! [Chronique de Berchet]

Une grande part du gâteau s’archive et se recouvre de poussière dans les lieux où le silence tue. Nous devenons certainement tous fou. Tous, vous et moi. On perd notre nord et ils se taisent. Ils perdent leur nom et ils se taisent. L'ambition n'est t-elle pas humaine et commune à tous ?

Nous perdons un pan de notre culture, une des parties les plus riches de notre culture et silence règne. Depuis quelques années la culture du Nord Bénin semble inexistante. Plus d'artiste au Nord ? Que font-ils ? Ont t-ils rangé les armes ? La culture du Nord ne reste-t-elle qu'au nord ? Pourquoi la culture du Nord-Bénin reste-t-elle inexistante dans la sphère nationale ? Que se passe-t-il ?

Les questions sont légions et doivent nous tarauder. Nous perdons le nord et nous pensons que le Bénin ne se limite qu'à Cotonou et environs. Nous perdons le nord ! Et comme le dit l'expression, perdre le nord, c'est se perdre, devenir fou. Nous nous perdons et nous nous taisons. Ce mutisme est coupable. Ce push culturel ne saurait être cautionné.

Combien d'artistes connaissez-vous dans l'univers musical national et qui nous vienne de Parakou ? Vous citerez quelques-uns du bout des doigts. Combien en connaissez vous qui nous vienne de Natitingou et environ ? Combien connaissez vous qui nous vienne de Nikki et environs ? Combien en connaissez vous qui nous vienne de Savè et environs ? etc. Vous n'en citerez peut-être pas un seul ! Pourtant ces régions du Bénin ont aussi des artistes qui, ma foi, font un art plus proche de nos réalités culturelles ! Leur musique est représentatif de l'héritage culturel que leur ont laissé les parents de leurs parents. Pourtant quand on parle de musique béninoise, ils sont laissés pour compte. Et des artistes qui font une musique assez éloignée de nous sont cependant applaudis par ces citadins qui ont tout perdu de leur nord représentant la musique béninoise. C'est un peu dommage qu'on enseigne aux touristes et aux étrangers une culture qui ne nous appartienne pas, celle-ci falsifiée, pendant que nous disposons de l’authentique à quelques kilomètres de Cotonou.

Il faut qu'on arrête de régionaliser notre culture. Beaucoup de gardiens de la culture, beaucoup d'artistes emprunts de talent meurent chaque jour dans le silence total, emportant avec eux tout leur savoir-faire et leur connaissance de nos cultures.

Nous nous plaignons de ne pas avoir une identité musicale, et cependant nous négligeons ceux là qui ont encore les deux pieds de notre culture…Retour à la source!

Nous n'aimons pas appeler au secours les autorités politiques, car cela n'a jamais servi à rien de par le passé, mais notre nouveau ministre me semble lui passionné de culture. Nous lui demandons alors de donner vie à nos musiques natales à travers un concours par exemple et peut-être que nous finirons par avoir une identité musicale.

Il faut sauver le nord !

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