Amiral (Revers) s'apprête à faire sortir les bords !

Qu'il soit en groupe, ou en solo, Amiral (Revers) porte un caractère qui lui est personnel et qui démontre son sens du raffinement, de la musique, et de ce qui n'a pas encore été fait. Alors qu'il se prépare à présenter au public, son premier projet, nous l'avons interrogé afin qu'il nous fasse découvrir ses influences, ses goûts, ses références, et ses sources de ressourcements. Re (découverte) !

Volun Corp : Il y a les rappeurs de circonstances, et les circonstances qui mènent les rappeurs au rap. Nous savons que tu n’appartiens pas à la première catégorie, alors, dis-nous, comment es-tu venu au Hip-Hop ?

Amiral (Revers) : Effectivement, je ne suis pas un rappeur de circonstances ou autrement dit, un artiste de circonstance. La fièvre musicale a toujours fait partie de moi mais je suis tombé amoureux du Hip Hop à l’époque où j’ai découvert Snoop Dogg, Sisqo et autres. Je suis tombé sous le charme de la technique, l’attitude et le swag qui ressortent de ce style de musique. C’est une attitude dans laquelle je m’étais tout de suite retrouvé. C’est un swag que je possède sans forcer. Mais en effet, je ne me limite pas qu’au Hip Hop. C’est la raison pour laquelle je ne me considère pas comme un rappeur tout simplement, mais plutôt comme un artiste.

Volun Corp : Quels sont tes premiers souvenirs musicaux ?

Amiral (Revers) : Mes premiers souvenirs datent de l’époque où j’ai décidé d’apprendre à jouer de la batterie à l’église. En plus, je m’essayais à interpréter des chansons comme « Gbédé » de Fôô Fanick et quelques tubes de Zeynab. A l’époque j’avais beaucoup d’aisance à toucher les notes aiguës. Mon entourage appréciait cela et ça m’a encouragé à continuer. Ensuite, j’ai commencé à apprendre à jouer à la guitare. C’est après cette étape que j’ai pris conscience de mon amour pour le Hip Hop. Et depuis ce temps, c’est la love story.

Volun Corp : Revers ! L’aventure a commencé à peine, qu’elle a rapidement été écourtée. Pour quelle raisons ? Beefs internes ?

Amiral (Revers) : Beef ? Non pas du tout ! On est tous les deux partis du pays pour poursuivre nos études universitaires. Nos études respectives et la distance ne facilitaient pas le travail. Aujourd'hui, Alex poursuit d’autres objectifs, mais cela ne nous empêche pas de travailler ensemble. Il fait toujours partie du label Davibe Music et ensemble, nous travaillons sur différents actes du label, et ça se passe très bien !

Volun Corp : Tu penses que ça a été une étape importante dans ta carrière, ces préliminaires en groupe ?

Amiral (Revers) : Oui. Ça a été une étape cruciale dans ma vie, pas seulement dans ma carrière. Au delà du groupe, Alex et moi sommes pratiquement comme des frères. On s’est mutuellement apporté beaucoup de choses. On était un groupe mais mise à part la complicité de groupe qu’on avait, il y avait une certaine rivalité positive entre nous. Il fallait qu’on se surpasse à chaque nouveau son. Chacun voulait mieux faire que l’autre et c’est quelque chose qui m’a forgé musicalement. Donc oui ce fut une étape très importante.

Volun Corp : Ensuite, qu’est-ce qui a motivé cette volonté de passer à une carrière solo dans la musique ? Tu aurais pu tout lâcher et passer à d’autres choses, non ?

Amiral (Revers) : Effectivement j’aurais pu tout lâcher mais j’ai la musique dans le sang. Tant que je vis, Inch'Allah, je serai toujours présent dans la musique. Le soutien de mon entourage et surtout mon amour pour la musique sont les principaux facteurs qui ont motivé cette volonté de faire une carrière solo.

Volun Corp : Comment as-tu rencontré Jupiter ? C’est lui qui a perçu ton potentiel ?

Amiral (Revers) : Belle question ! Toutefois, c’est moi qui me suis rapproché de Jupiter. Etant un grand fan de sa musique, je l’ai approché une première fois via Facebook pour demander une collaboration et ses conseils d’aîné. Il aurait pu m’ignorer et ne pas répondre mais il l’a fait de façon humble malgré son statut. C’est ainsi qu’il m’a écouté et perçu le potentiel. Ce n’est pas que mon potentiel qu’il avait perçu, mais aussi celui d'Alex. Par conséquent, quelques temps après il nous fait signer sous son label.

Volun Corp : Que furent tes influences pour forger ton style ?

Amiral (Revers) : Il faut dire, que j’ai une énorme influence Reggae à coté du Hip Hop. J’écoute un peu de tout et tous les styles. C’est drôle, mon style de musique se classe dans le Hip Hop mais je suis autant un grand fan de reggae que de rap américain et d’électro/Dance. J’écoute autant du Bob Marley, du Jah Cure, du Chronixx, du Vybz Kartel que du Kanye West et plein d’autres artistes. Je dois avouer que je ne suis pas limité. J’aime tout simplement la bonne musique, peu importe le genre. Je suis très ouvert en termes de goût musical.

Volun Corp : Chanter tout en conservant les réflexes du kickeur, c’est un atout dont tu disposes. Mais dis-nous, comment t’es-tu bâti cette mixité, ou ce modèle artistique ?

Amiral (Revers) : En fait, j’aime autant le rap que le chant. A vrai dire, c’est de freestyle en freestyle que j’ai pu bâtir cette mixité. Vu que je tiens à rester original dans mon art et surtout que je suis conscient du fait que le milieu de la musique est quand même saturé, il faut donc que je me démarque. A un moment, certains me disaient de laisser le rap pour le chant après avoir découvert mes habiletés de chanteur. Mais j’aime trop le rap, ce qui me pousse à garder mon swag de rappeur dans mon chant.

Volun Corp : Molo Molo a d’ailleurs davantage révélé le chanteur. Avec une allure presque charnelle, et une teinte assez américaine dans l’esprit de la prod'. Comment les choisis-tu justement tes instrus ? Qu’est-ce qui te fait vibrer pour l’un plutôt que l’autre ?

Amiral (Revers) : Je n'aime pas trop forcer avec les prods. C’est pareil pour les chansons que j’écoute en général. Je les choisis par coup de cœur. Prenons l’exemple de l’instrumental de "Molo Molo". Je profite d’ailleurs de l’occasion pour faire un big up à Mike BGRZ pour son talent et son professionnalisme. A la première écoute, je dis bien à la première écoute, j’avais déjà commencé à sortir des paroles de ma tête. Ça se fait souvent assez naturellement. Il faut que les accords de la mélodie principale de la prod me parlent. Ensuite je m’adapte à l’esprit de ces derniers. Je m’arrange pour accorder l’univers de ce que j’écris aux mélodies des prods. Parce qu’elles ont leur langage que j’arrive à comprendre. C’est surement dû au fait que je fais aussi des instrus.

Volun Corp : Tu appartiens à la diaspora artistique béninoise. Pourtant, dans tes textes, tu laisses entendre des paroles qui renvoient aux réalités ou codes soit linguistiques, soit thématiques, soit socioculturelles, du pays. En quoi est-ce nécessaire pour toi, cet ancrage ?

Amiral (Revers) : C’est carrément une cause que je défends. J’ai eu la chance de sortir du pays et de voir les choses sous un angle complètement différent. Ailleurs, on ne parle pratiquement pas de musique béninoise. C’est quelque chose qui me motive beaucoup à ancrer notre langue dans ma musique. Selon moi, le développement d’un pays ne concerne pas que le statut économique de celui-ci. La culture aussi est un élément primordial. La cause que je défends consiste donc à faire remarquer mon pays de façon positive par ma musique. C’est une façon pour moi de contribuer au développement.

Volun Corp : A ce propos « Fon Sonore », le titre de ta mixtape à paraître, évoque clairement l’une des langues du Sud-Bénin. Étais-ce par besoin de rendre hommage à tes origines ?

Amiral (Revers) : Tout d’abord, il faut dire que "Fon Sonore" est mon premier projet solo. Je tiens donc à bien me présenter au public qui me découvre. Certes le titre « Fon Sonore » vise à rendre hommage à mes origines mais c’est aussi un titre polysémique. Un premier détail qui frappe à l’œil est le jeu de mots que je fais avec l’expression « fond sonore ». C’est un projet qui présente ma musique. Le premier message que je communique ainsi aux auditeurs est que dans mon « fond sonore » il y a du Fon. Ensuite, ce fond sonore est un mélange de rap, de chant, de flow et de vibes.

Volun Corp : En te prêtant à ce jeu de perception phonique entre « fond » et le « fon », semblais-tu t’interroger sur la légitimité de nos langues dans la musique d'aujourd’hui ?

Amiral (Revers) : Non, ce n’est pas que je me suis interrogé sur la légitimité de nos langues dans la musique. Mais j’ai décidé de nommer mon projet Fon Sonore tout d’abord parce que j’inclus désormais le Fon dans ma musique. Je tenais à ce que le mot Fon reste dans la tête de tous, surtout à l’international. C’est une façon de promouvoir notre culture. Notre langue fait partie de notre culture et elle est belle, alors il faut la promouvoir davantage. Je suis fier de voir aujourd'hui des gens venant d’autres pays chanter le Fon que j’inclus dans mes morceaux. Ils se questionnent sur l’origine de la langue chantée et ça fait plaisir de leurs répondre que ça vient du Bénin.

Volun Corp : Et si, pour finir, tu nous parlais de ton plus grand fantasme de carrière ?

Amiral (Revers) : Haha ! A vrai dire, j’en ai plusieurs. Mais je voudrais principalement représenter le Bénin en allant aussi, sinon, plus loin que Angélique Kidjo.

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