HTB dévoile le cinéma africain sur BBlack TV

Hervé MOUKOKO de son vrai nom, est désormais l'une des références en termes de réalisation africaine de la diaspora. Connu pour être pointilleux, et aussi, pour faire preuve de qualités inventives, il s'investit à la fois à rénover l'image restrictive que l'on a de notre cinéma, mais aussi à mettre en avant toutes les potentialités dont regorge le continent, ici comme ailleurs.

C'est dans ce sens, que nous le recevons afin qu'il nous révèle les motivations, et autres détails autour de sa nouvelle émission "CLAP", diffusée sur BBlack TV.

Rencontre !

Volun Corp : Qu'est-ce qui t'a motivé à produire une émission comme « CLAP » ?

HTB : "Time", mon dernier court-métrage. Vous savez quand vous lancez un produit, la prochaine étape c'est d'en faire la promotion. Et avec "Time", j'e n'ai pratiquement pas fait de tournées médiatiques, tout simplement parce que la plupart de mes demandes d'interview pour promouvoir le film sont restées sans suite. Bien entendu quelques sites et radio ont bien voulu de moi (rires). Mais j'étais profondément frustré par le silence radio des médias. J'aurai pu mettre mon film sur la toile dans l'espoir d'attirer leur attention, mais j'ai préféré procéder autrement. Puis je me suis dit: tiens il serait peut-être temps que l'Afrique ait une plateforme où l'on ne parlera uniquement que de nos œuvres. Et comme un signe, je tombe par hasard sur "HEBD'HOLLYWOOD, une émission exclusivement consacrée au cinéma et à la télévision américaine. J'ai adoré le format. Et après avoir regardé une dizaine de numéros, je me suis lancé dans l'écriture de CLAP.

Volun Corp : Dirais-tu qu'en passant du réalisateur et scénariste de film (comme Time) dans le cinéma, au producteur d’émissions pour le cinéma, tu es dans une démarche de prolongement de ton engagement cinématographique ?

HTB : Bien entendu, j'adore le cinéma à tel point où, tu n'as même pas idée. Et je trouve que nos médias, n'en font pas assez pour le faire rayonner sur l'échiquier international. Surtout quand on voit les récentes productions venues du Nigéria, du Ghana, de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Kenya, etc. Je pense qu'il est quand même temps que l'Afrique se réveille.

Volun Corp : As-tu le sentiment que le cinéma africain n’est pas suffisamment représentatif dans la mise en avant de ses talents/potentiels en médias ?

HTB : Effectivement c'est le sentiment que j'ai. Pourtant ce ne sont ni les talents, ni les productions de qualités qui manquent. Seulement, j'ai l'impression que nous sommes plongés dans un système qui empêche délibérément notre cinéma de prendre son envol. Aujourd'hui certains réalisateurs, scénaristes, producteurs africains, vont faire la manche pour avoir le financement auprès des institutions occidentales et en contrepartie, ces dernières leur imposent un thème ou carrément une manière de filmer. Et ce procédé tue littéralement la créativité. Après, on s'étonne que certains continuent à faire des films "calebasses".
Plus loin encore, lors de la dernière conférence de presse du FESPACO qui a eu le 19 janvier dernier à Paris, demandez-moi quels ont été les médias partenaires annoncés pour cette grande messe du cinéma africain ? : Encore des chaines occidentales. Et ça c'est déjà un énorme problème.

Volun Corp : Comment as-tu été amené à travailler avec Gallia Ndéké et Aziz Sanfo sur cette émission ? Pourquoi eux ?

HTB : Gallia Ndéké, c'est mon ami photographe GPS, qui nous a présentés. Et notre première collaboration fut lors du concert de Petit-Pays en Février 2016 à Paris. Entre nous, le courant est très vite passé. Et j'ai été vraiment impressionné par sa capacité d'improvisation sur le terrain. C'est une fille prête à toute épreuve. Donnez lui deux ou trois indications et Gallia vous pond en un temps record une interview de malade. C'est fascinant.
Elle n'est pas journaliste à la base, mais sa motivation et sa détermination en font quelqu'un d'exceptionnel. Et lorsque je lui ai proposé CLAP, elle n'a pas hésité. Cette "petite" adore les challenges. Et je l'adore pour ça.
Aziz Sanfo, le "petit Burkinabé" là, lui c'est un salopard (rires). Plus sérieusement, c'est un autre ami Burkinabé qui nous a présentés et notre première rencontre remonte à 2015. Comme Gallia, le courant est très vite passé. Il a un très bon état d'esprit, très rigoureux, très professionnel, multitâche comme moi (Cadreur, Réalisateur, Monteur) et il a une très grande expérience en matière de Télévision. Et avec ça, je n'ai pas hésité à lui remettre les rênes de CLAP.
De fil en aiguille, le cercle CLAP s'est agrandit et on a monté l'équipe de Rédaction qui est le noyau dur même de cette émission. Mention spéciale donc à Ruth Louzingou, Fanta Loial, Trycia Manouana et à Edwige Voukissa pour l'énorme boulot qu'elles font au quotidien pour cette émission. Il y a un dernier que je n'ai pas cité parce qu'il n'aime pas être mentionné, mais je l'aurai un jour, je l'aurai (rires)

Volun Corp : Pour ce que j'en sais, trois rubriques essentielles, meublent l’émission « CLAP ». Et si tu les détaillais pour ceux qui voudraient découvrir ?

HTB : Alors en premier nous avons les "NEWS", c'est un panorama de tout ce qui se passe dans le paysage audiovisuel africain: sorties cinéma, séries, documentaires, annonce des festivals, etc.
Ensuite nous avons le "PORTRAIT", c'est une rubrique qui permet de mettre en valeur nos talents : acteurs/ices, Réalisateurs/ices, producteurs/ices. Parfois on voit tous ces cinéastes au cinéma ou même dans les séries, mais on ignore leur parcours, ce portrait est là pour nous rafraîchir la mémoire ou nous les faire découvrir.
Et pour finir, nous avons "THE GUEST", c'est la rubrique où les cinéastes viennent faire la promo de leur film (sorti en salles ou pas).
Pour la saison 2, nous allons insérer une nouvelle rubrique, histoire d'enrichir un peu plus le magazine et le rendre vraiment complet.
Donc désormais, que les cinéastes africains du monde entier, sachent qu'il existe pour eux, un magazine 100% cinéma et télévision africaine.

Volun Corp : Dans sa conception, « CLAP » ne s'intéresse pas qu’au cinéma. En quoi consiste donc, la place de la « télévision », dans ce programme à priori télé aussi ?

HTB : Vous l'avez sans doute constaté comme moi, mais les séries télés sont en plein boom ces dernières années, et elles constituent même un gros chiffre d'affaire pour certains médias tels que "Netflix" aux Etats-Unis ou bien "Iroko TV" au Nigéria. Et d'innombrables plateformes spécialisées dans la diffusion des séries TV sont entrain de voir le jour.
Or on constate que de plus en plus, en Afrique des séries de très bonnes qualités naissent, tous les jours. On ne peut donc concevoir un magazine de ce type et marginaliser les séries TV. D'autant plus que certains cinéastes se dirigent progressivement vers les séries. Bref c'est l'avenir. Et CLAP a envie d'avancer avec l'avenir.

Volun Corp : Comment devenir un téléspectateur fidèle de « CLAP » ?

HTB : D'abord regarder BBLACK TV, car l'émission y est diffusée tous les samedis à 17h. Puis s'abonner à notre page Facebook : Clap, le Magazine 100% Cinéma et Télévision africaine; sur Instagram : Clap Magazine et sur Twitter : @clapleMag

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