Le slameur Sêminvo L'enfant Noir est de retour sur scène

Il fait partie des pionniers, et pourtant n'appartient à aucune génération fixe. Non seulement, parce qu'il traverse le temps, mais aussi, parce qu'il se nourrit du permanent désir de partage, d'édification, et aussi d'améliorations.

Depuis son entame dans le milieu avec le 10 BP 229 (premier collectif de Slam au Bénin), jusqu'à nos jours, Sêminvo L'enfant Noir a gravi les échelons, à son rythme, et à sa façon.
Après plusieurs réalités de vie, des voyages instructifs, des rencontres édifiantes, de l'activisme en tant qu'organisateur de scènes slam, il a décidé de revenir cette année, sur la scène, en tant qu'artiste solo, à part entière.
En attendant son spectacle dénommé « Slam Valentin », prévu pour le 17 Février prochain, à African Sound City (situé à Mènontin), nous avons échangé, avec l'artiste !

Volun Corp : Ça remonte à bien longtemps, une date où vous vous laissez posséder l'adrénaline scénique, et la frénésie du live ! Pourquoi donc maintenant ?

Sêminvo L'enfant Noir : Bonjour. Permettez-moi tout d'abord de remercier la vie et je profite de votre interview pour réitérer ma reconnaissance à toutes les âmes qui se sont battues pour moi. Ce spectacle est en réalité une déclaration d'amour et de remerciement pour eux. Il y a déjà plusieurs mois que je voulais faire ce concert mais il est très difficile d’obtenir une salle quand vous n'avez pas de moyens … et il n'existe pas de moyens pour avoir des salles : c’est compliqué. Maintenant, je peux parler de ce que j'ai traversé, justifier ce que les êtres humains ont enduré pour moi. Deux ans d'absence de concert solo, c'est plusieurs années c'est vrai. J'avais malheureusement de douloureuses bonnes raisons. J’y reviens maintenant car être sur scène en tant que slameur, c'est un soleil qui répond au zénith d'été et la neige qui ne manque pas au zéphyr de l'hiver.

Volun Corp : La scène ! C'est donc cela votre première motivation en tant qu'artiste slameur ?

Sêminvo L'enfant Noir : La réponse à cette question est une interrogation. Quelle est la motivation première du Slam ? C'est la scène. Le slam ne peut exister sans la scène. Je suis slameur, je ne peux donc me vanter de ne plus participer aux scènes ; je me déprécie ainsi. Quelque soit sa forme : libre, ouverte, compétition, spectacle, et même atelier, la scène est l’âme du slam. Et je le dis : "Je suis un Sêminvo, et un Sêminvo slame toujours ses poèmes." Et ne viennent qu’ensuite les autres projets : livres, album, clip, etc., qui ne font le slameur qu'entre des parenthèses.

Volun Corp : Pour avoir été en retrait, et pour avoir observé et pu vous ouvrir à d'autres expériences scéniques, diriez-vous que quelque chose a changé dans votre perception de la scène aujourd'hui ? En quoi ce sera différent de vous (re) voir sur l’estrade ?

Sêminvo L'enfant Noir : Je ne me suis jamais senti en retrait de la scène, parce que je ne l’étais pas volontairement : j'ai eu un accident. Et puisque vous m’en donnez l’occasion, je remercie une fois encore de tout cœur la générosité de l'univers et des humains qui se sont battus pour moi. Souvenez-vous que, quittant l'hôpital de Porto-Novo minerve au cou, j'ai atterri sur scène malgré mes douleurs. Je voulais y être. Et si je peux, j'emporterai la scène dans ma tombe. Aujourd'hui, je ne sais si ma perception scénique a changé, elle a dû évoluer. Je crois que ce sera au public de juger s’il y a une différence, et, ce qu’elle est. Quant aux expériences, c'est simplement de l'apprentissage, cela fait partie de la vie artistique.

Volun Corp : Qui dit Slam parle d'écriture avant tout, quoiqu'il s'agisse d'oralité. Et chez vous, nous savons que depuis quelques années maintenant, votre écriture est en permanente mue. Qu’est-ce qui a déterminé votre volonté de métamorphose ? Et que répondriez-vous à ceux qui prétendent qu’il y a eu une progression dans votre style ?

Sêminvo L'enfant Noir : (Sourire). Avec tout le respect que je donne à la sensibilité que des humains portent à ma plume, je suis simplement heureux qu’ils le remarquent. Et c'est un honneur qui m'honore en tant que artiste, de constater cette reconnaissance qui me vient après un statut, une scène, un single, etc. Je m’en réjouis car, progresser, pour moi, c'est justifier cette attention que l'on me porte. Mais ce n'est pas une métamorphose. Juste une "motamorphose". Écrire c'est se rencontrer soi-même. C'est donc une rencontre. Chaque jour renouvelée. Toujours plus exigeante. Effectivement, je dois l'avouer : je travaille beaucoup l'écriture. Et si je m’améliore, c’est que je reste toujours plus sévère, plus rigoureux envers moi. Aussi mes poèmes se suivent-ils et ne se ressemblent pas.

Volun Corp : Et ce concert, comment l’envisagez-vous ? Sera-t-il focalisé sur l’esprit musical ? Ou s’appesantira-t-il essentiellement sur la teneur des thèmes?

Sêminvo L'enfant Noir : Le concert est intitulé "Slam-Valentin"… Ce n'est qu'une couverture. Rire. Bien évidemment, lors de ce concert, nous voyagerons vers plusieurs horizons. Amour ? Oui. Paix ? Oui. Politique ? Oui. La passion dominera certainement, mais ça, ne le dites à personne ! Les thèmes et l'esprit musical feront un. Du moins je l’espère puisque je serai accompagné par de grands musiciens de Cotonou et de Lomé notamment Madochée (piano et chef d'orchestre) et Alban (batterie) pour ne citer que ces deux. Et bien entendu des textes seront a cappela, dont un différemment de ce que l’on attend.

Volun Corp : Est-ce le spectacle en prélude à votre premier album ?

Sêminvo L'enfant Noir : L'année est sous le signe de mon album. Je suis prêt. Je suis heureux. Je me sens bien. Et les mots m'ont entendu, mes vœux me réalisent. Cependant ce concert ne préfigure ou n’annonce rien : je suis artiste slameur et je fais mon "job". J’avance pas à pas. J’essaie de me donner les moyens de concrétiser mes projets. Les difficultés ne manquent pas ; il faut les vaincre une à une. L'album viendra et il n'est pas le prétexte de ce concert.

Volun Corp : Et si enfin, vous devriez convaincre nos lecteurs ? Pour quelles raisons pensez-vous qu’ils devraient absolument se rendre à votre concert ?

Sêminvo L'enfant Noir : Disons que le public viendra car : "La vie est une rencontre, nous avons tous pris rendez-vous". Je l’invite nombreux à venir honorer ce rendez-vous de mots et d'émotions. Le mot sur le cœur, la main sur la plume, je vous remercie... "Infinimots".

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