Nous l'avions souvent entendu décocher ce vocable, pour déclencher une variation rythmique, ou pour finaliser un passage de ses interventions ; sans pour autant s'imaginer qu'il ne s'agissait pas uniquement d'un tic ou encore d'un cri de guerre personnifié. Désormais, nous l'avons compris. « Benco » doit être considéré comme un concept musical, comme un genre à part entière, en pleine construction.
Ainsi, en sortant son nouveau single, titré pareillement, Shamir Mg, prend à charge, après l'avoir testé désormais, le devoir, d'instituer son genre, de l'expérimenter, de le sonder, de l'entretenir, de le faire cerner, de l'éprouver, de le promouvoir, et de s'assurer qu'il est endurant, afin de le faire durer dans le temps.
Ce travail de longue haleine, ne saurait se réussir, sans renouvellement, sans vulgarisation à grande échelle, sans élaboration théorique destinée à identifier clairement la démarche artistique que cela suppose, et sans stratégie de maintien en vie, avant bien sûr que le plus important n’intervienne : la démocratisation du genre ; c’est-à-dire la possibilité de donner à d’autres artistes béninois comme africains, de se réapproprier le « Benco », de le faire « pétasser » s’il le faut, mais en conservant une base musicale bien définie.
Et justement, quelle est-elle ? Quelles sont donc les caractéristiques du « Benco » ? Est-ce cette nonchalance mélodique et entraînante que se permet Shamir ? Est-ce cette implémentation rythmique aux propriétés "tchinkoumin" ou axés sur les cadences du Sud-Bénin ? De quoi s’agit-il précisément ?
A propos, que signifie exactement le mot ? Est-ce la contraction de « [Be]nin-[Co]lour », ou l’évocation se situe-t-elle ailleurs ?
Tant de questions sur lesquelles pourraient surfer l'artiste, et son équipe, afin de rendre cette idée « d’avoir créé le Benco », plus pragmatique, et plus convaincante.
D'ailleurs, il est heureux de savoir que le « Benco » est aussi l’apanage d’un beat-maker béninois (Crédo Sèdjro) ; car cela peut servir de garantie, pour l’identification plus ou moins exacte, de l’esquisse de composition musicale, supposé déterminer le genre.
Alors, faut-il y croire ? Le Bénin urbain, serait-il en train de trouver son uniformisation en termes d’identité musicale, comme semble l’avoir réussi des pays comme le Nigéria, ou d’autres encore ? Shamir Mg, et toute son équipe, en commençant par le beat-maker (Crédo Sèdjro) avec qui le rappeur travaille, parviendront-ils à marquer d’une estampille, le Benco, qu’ils initient ?
Quoiqu'il en soit, il est important pour eux, de se souvenir, que : plus de compréhension, facile l’adhésion, l’exploration et l’expansion. L’avenir du Benco en dépend !
